Parmi les derniers films que j'ai regardé, beaucoup ont ramené chez moi la question, auparavant centrale dans mes réflexions, de la prépondérance de l'image et de ses effets, par rapport à la narration et le récit. Bien évidemment, je ne renie pas une évolution progressive de ma pensée de cinéphile, celle qui s'accorde sur l'idée qu'un film est un tout, dépassant la somme de ses parties, mais cette irrémédiable question de la rédemption des films (cf. un de mes posts précédents sur mon ancien blog) est le plus souvent passée par l'image.
Si le dernier film d'Andrew Niccol, Les Âmes vagabondes, n'arrive pas à la hauteur de ses premières oeuvres, on retrouve quand même sa capacité à créer visuellement, à partir de peu de choses, un univers alternatif au nôtre. Beaucoup de cette démarcation se joue dans les oppositions urbaines/paysages désertiques, mais aussi dans les costumes et le jeu des comédiens. Mais là où cela est le plus flagrant selon moi se situe dans la caméra et ses mouvements. Le film est posé, calme, jusque dans les ralentis qui filme les deux accidents de voiture. Ainsi le cinéaste fait la part belle à l'image pour faire rentrer le spectateur dans un autre univers, ce qui est; à mon sens, la première des priorités lorsque l'on est dans un récit de science-fiction...

En revoyant Mad Dog and Glory, là aussi je suis revenu à mes premiers amours. D'abord l'importance du cadre dans ce film, où la circulation entre images fixes et images en mouvements par le biais de l'agencement du cadre est explicitement amenée dans le film par le travail du personnage de Robert De Niro. Ce fut aussi l'occasion de repérer une autre circulation : la question de la nature dans la jungle urbaine qu'est la ville de Los Angeles, lorsque le personnage de De Niro raconte comment il a "croisé" un cerf dans les rues de la ville : je ne pus m'empêcher alors de songer au coyote de Collateral chez Michael Mann, pour ne citer que celui-là...
Ce cadre qui compose l'image et dans lequel on peut faire rentrer tour à tour un cerf, des morts, un couple qui fait l'amour derrière une fenêtre aux rideaux transparents, un numéro de danse près d'une victime d'homicide, ce cadre, on peut dire qu'il est le film, puisqu'il capture (comme une photo capture un instant) les personnages pour les emmener vers leur irrésistible destin : Mad Dog est prédestiné par son surnom mal attribué à finalement sortir de ses gonds, Glory est le "prix" tant attendu de cette embardée romantique dans laquelle elle embarque Mad Dog. Par définition, rien n'arrive hors-champ, puisque le cadre est le film, à l'exception, par moments, du combat entre les "amis" des deux protagonistes principaux. Mais ce combat n'étant qu'une répétition avant celui de la fin, impliquant cette fois-ci les bons personnages, on comprend dès lors que l'enjeu dans le cadre n'est pas de voir le combat dans son intégralité, mais plutôt ce qui se trame dans ceux qui en sont les instigateurs...

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